L’herbe. Il paraît que c’est de dame nature. Alors j’en ai fumé un peu. Vive dame nature ! Mais je crois que j’ai un peu trop tiré d’un coup. Je vois des lumières pas très nettes. Je sais que je suis dans un bar, pas dans une boîte de nuit, alors tout cela n’est pas très normal. Je commence à avoir chaud et les yeux qui clignent plus vite que la musique. Je me tiens au mur. Je sens mes yeux se fermer lentement mais le bruit assourdissant des personnes qui parlent autour de moi m’aide à garder les yeux ouverts. Je vais au bar et je commande plusieurs verres. Un peu trop de verres d’ailleurs que je m’enfile sans faire attention au nombre. Je ne suis pas comme ça. Je ne suis pas le genre de fille à noyer sa peine dans l’alcool ou dans l’herbe. Alors, qu’est-ce que je fous là ? Trop d’insomnies, de cauchemars à répétitions. Un peu trop réels d’ailleurs. Je me tire aux WC. Je ne tiens plus du tout debout mais j’y arrive quand même en un seul morceau. Je me passe de l’eau sur le visage tout en gardant mon regard ancré dans mon propre reflet que me projette ce miroir dégueulasse. Les nanas sont tellement connes qu’elles posent leurs doigts sales sur le miroir au lieu de se contenter de toucher leur propre personne, leur propre corps. Je me nettoie le visage avec un putain de papier rugueux et je sors de là. La porte claque derrière moi et je sursaute. Je ne m’y attendais pas du tout. Je relève la tête en entendant un ricanement stupide. Elle là, cette brune. Je la reconnaîtrais entre mille avec son allure de garçon manqué et de fille pas si ratée que ça. Je vois pas de quelle facette ou de quelle réalité tu parles pétasse ! A d’autre ! Je ne vois pas qui serait assez stupide pour penser que je suis dans mon état normal là. Toi tu sembles être parfaitement dans ton élément là ! Espèce de plouc !